Parler d'économie sur un blog de philosophie des sciences ? Mais enfin, l'économie est-elle une science ? Et bien, c'est justement la question qu'on va se poser !
mercredi 15 octobre 2014
L'économie est-elle une science ?
lundi 15 septembre 2014
Théories et modèles
Nous avons parlé dans un article récent de vérité, au sens le plus général du terme. On se souviendra que la conception de la vérité de laquelle les réalistes s’accommodent le mieux est la "vérité-correspondance" : l'idée qu'un énoncé est vrai quand il correspond à la réalité (par opposition à la vérité comme assertabilité ou efficacité de nos croyances, qui semble insuffisante pour garantir le réalisme). Tout le problème est alors de donner sens à cette idée de correspondance.
Il est temps maintenant de revenir à des sujets qui concernent plus la philosophie des sciences en propre, et justement, concernant cette notion de "vérité-correspondance" : comment l'appliquer aux théories scientifiques ?
lundi 8 septembre 2014
La connaissance
Après avoir vu les différentes façons de concevoir la vérité, nous pouvons aborder une deuxième question de philosophie générale qui peut avoir un intérêt en philosophie des sciences : celle de la connaissance. Il s'agit du thème de l'épistémologie : l'étude de la connaissance.
Quelle différence y a-t-il entre une connaissance (je sais que j'ai deux mains, que Paris est la capitale de la France, que la terre est ronde, que mes clés sont dans ma poche) et une simple croyance ?
On peut envisager que la connaissance corresponde à la certitude, contrairement à la croyance qui est incertaine. Mais je peux être absolument certain de choses fausses, de manière irrationnelle. On pourrait alors penser que la différence tient à ce qu'une connaissance est vraie, tandis qu'une croyance ne l'est pas forcément. Mais je peux aussi bien être absolument certain de choses vraies de manière irrationnelle. Par exemple, je peux me trouver convaincu que Jean est innocent suite à la plaidoirie d'un avocat malhonnête, et même si Jean est effectivement innocent, on ne dira pas que je le savais réellement car au fond j'avais tort de faire confiance à l'avocat. On dira seulement que j'en avais la certitude, ce qui s'est finalement avéré être à juste raison.
Cet exemple est donné par Platon, et traditionnellement depuis Platon, on définit la connaissance comme une croyance vraie et justifiée. La justification sert à différencier la connaissance d'autres croyances vraies, mais qui le sont de manière accidentelle : on ne peut vraiment savoir quelque chose que si l'on est pourvu de bonnes raisons de le croire, c'est à dire si cette croyance est justifiée rationnellement.
Mais qu'entendons-nous par là ? Dans le dernier article, nous nous sommes interressé à la question de la vérité. Désormais, toute la question va être de savoir en quoi consiste cette justification rationnelle de nos croyances.
dimanche 24 août 2014
La vérité
Je profite de cet fin d'été pour vous proposer deux articles sur des thèmes plutôt de l'ordre de la philosophie générale, mais qui jouent toutefois un rôle important en philosophie des sciences : un premier sur le thème de la vérité, et un second en préparation sur le thème de la connaissance.
Nous avons discuté dans les articles précédents de réalisme, de relativisme et d'empirisme. Mais peut-être aurions-nous du commencer par une question plus fondamentale : qu'est-ce que la vérité ? En effet la question du réalisme scientifique (thèse suivant laquelle les objets postulés par nos théories scientifiques existent dans la réalité) est centrale en philosophie des sciences. Or on peut exprimer cette thèse très simplement : elle consiste à affirmer que nos théories sont vraies. Mais qu'est-ce à dire ?
lundi 30 juin 2014
Le problème de la mesure et l'interprétation de la mécanique quantique
Nous allons maintenant nous intéresser aux différentes théories et interprétations qui permettent de donner sens à cette non-localité qui caractérise la mécanique quantique. Pour suivre cette présentation, je renvoie les lecteurs à l'article précédent, et notamment à l'expérience de pensée que j'avais proposé pour illustrer le théorème de Bell, sur laquelle nous allons nous appuyer ici. Rappelez-vous : il s'agissait d'imaginer deux personnes qui quittent une pièce par des portes opposées. On leur pose ensuite une question chacune parmi plusieurs possibles, et leurs réponses sont étrangement corrélées, elles respectent certaines règles, d'une manière qui ne peut s'expliquer par une préméditation de ces réponses.
samedi 21 juin 2014
Le théorème de Bell, causalité et localité
Il s'agit d'un théorème très important en physique fondamentale, puisqu'il établit un moyen de vérifier empiriquement si les lois de la nature sont locales ou non. Si la mécanique quantique est vrai, ce n'est plus le cas. Mais ce théorème est spécialement important parce qu'il ne dépend pas fondamentalement de la théorie quantique : si la vérification expérimentale se confirme (et on peut dire que c'est quasiment le cas aujourd'hui), n'importe quelle théorie plus fondamentale qui prétendra remplacer la mécanique quantique devra s’accommoder des mêmes "bizarreries".
Autrement dit, le théorème de Bell et sa confirmation expérimentale anéantissent l'espoir qu'un jour on en reviendra à une bonne vieille théorie locale-déterministe bien comprise, et que tout ça n'était qu'un mauvais rêve...
lundi 19 mai 2014
Les lois de la nature
Dans le billet précédent, nous nous sommes intéressés à la question du réalisme scientifique : les entités postulées par les théories scientifiques existent-elle réellement dans le monde, indépendamment de notre façon de les concevoir ?
Etre réaliste est une chose, mais cela ne nous dit pas de quoi est exactement fait le réel (ou, comme l'expriment certains, quel est le "mobilier du monde"), c'est à dire finalement comment interpréter le contenu de nos théories. Cette question est de l'ordre de la métaphysique, et en particulier de l'ontologie : l'étude de l'être.
Une question métaphysique
On peut dégager plusieurs grandes catégories d'entités qui peuvent prétendre appartenir aux fondements du monde : les objets, les propriétés et relations, les événements, les processus, l'espace et le temps... Le rôle de la métaphysique est d'élucider ce que recouvrent ces catégories : comment identifient-on les entités correspondantes ? Comment les caractériser (sont-elles concrètes, abstraites, universelles ou particulières) ? Quels rapports (de nécessité, de composition, ...) entretiennent-elles ? Certaines de ces catégories se réduisent-elles à d'autres, par exemple l'espace-temps à des relations, ou les objets à des regroupements de propriétés, ou à des événements ?
Il s'agit donc, en quelque sorte, de forger les outils conceptuels qui nous permettent d'appréhender le monde (et bien sûr, si l'on est anti-réaliste, on peut très bien n'y voir que des concepts).
Nous nous intéresserons peut-être dans un prochain article à ce type de questions, qui soulèvent certains problèmes méritant qu'on s'y attarde (notamment quand il s'agit d'interpréter la physique moderne). Mais aujourd'hui je souhaite aborder un autre sujet, connexe, qui concerne des éléments jouant un rôle central dans nos théories physiques : les lois de la nature.
Le réalisme scientifique repose en grande partie sur l'idée que la science permet d'expliquer les phénomènes du monde. Or il se trouve que la plupart des explications scientifiques reposent sur des lois (on explique la réflexion de son image dans un miroir par les lois de l'optique, par exemple). Mais alors qu'est-ce qu'une loi de la nature ?