jeudi 6 février 2020

Livre à paraître : Modal Empiricism

Je suis sous contrat avec Springer pour publier une version de ma thèse de doctorat en anglais cette année. L'intitulé est "Modal Empiricism: Interpreting Science Without Scientific Realism". J'y défend une manière de comprendre le fonctionnement des sciences et d'interpréter leur contenu qui n'est pas réaliste, mais qui s'appuie fortement sur l'idée qu'il y a du possible et des contraintes sur le possible dans le monde (à mon avis le meilleur compromis dans le débat).

Il s'agit d'une version condensée, donc plus courte de la thèse (celle-ci comprenait une revue extensive de la littérature et des chapitres programmatiques qui n'y figureront pas). C'est aussi une meilleure version. Une bonne partie de mon travail de thèse a été publiée dans des revues académiques, ce qui veut dire que j'ai reçu de nombreux commentaires. J'ai aussi poursuivi mes recherches après le doctorat sur le thème de la représentation scientifique. Tout ça m'a permit d'affiner mes positions

Si vous voulez en savoir plus sur le contenu, vous pouvez consulter cet article chez PhiloMedia ou pour encore plus de détails mon blog en anglais Modal Empiricism. J'ai hâte que le livre soit publié, et j'espère que vous serez nombreux à me lire !

lundi 9 septembre 2019

Ethique et méta-éthique

Gian Battista Zelotti - Time, the Virtues, and Envy Freed by Evil - WGA25963

Il est un aspect des sciences que je n’ai pas encore abordé sur ce blog, à savoir l’éthique des sciences. J’espère y remédier prochainement, mais aujourd’hui, je souhaite m’intéresser (comme de coutume à cette époque de l’année) à une question qui est issue d'un autre domaine de la philosophie. Je vais donc parler de méta-éthique.

Derrière ce terme pompeux se cache la partie de la philosophie qui s’intéresse à la question du bien et du mal, de manière abstraite : elle ne cherche pas à savoir ce qui est bien ou mal dans un cas particulier, pas même en général, mais plutôt : comment comprendre ou interpréter les discours moraux, les discours sur les valeurs ? Que veut-on dire quand on dit que quelque chose est « bien », ou qu’il « faut » que ce soit ainsi ?

Vous pouvez répondre au sondage en fin d'article après l'avoir lu !

vendredi 15 mars 2019

Une carte des corrélations entre positions philosophiques

Bourget et Chalmers ont réalisé il y a plusieurs années un sondage auprès de philosophes pour connaître leur position sur un ensemble de questions philosophiques, suivi d'un article analysant les résultats. Ce sondage permet non seulement de savoir quelles sont les positions dominantes en philosophie contemporaine, mais aussi de quelles manière elles sont corrélées, au sens où les philosophes qui acceptent l'une sont plus susceptibles d'accepter également l'autre.

J'ai réalisé à l'aide du logiciel Inkscape une infographie qui représente ces corrélations (ma carte a été relayée récemment par Daily Nous). La méthode que j'ai utilisé est la suivante : une ligne pleine entre deux positions indique que l'une d'elle est la plus corrélée à l'autre. Les secondes et troisièmes plus corrélées sont représentées par des lignes en pointillé. J'ai utilisé cette méthode (plutôt que de représenter les plus fortes corrélations toutes positions confondues) afin de m'assurer que toutes les positions soient présentes et reliées sur le graphe. La force des corrélations est représentée par l'épaisseur des lignes et le taux d'adhésion par la couleur des boîtes. Voici la carte (cliquer pour agrandir) :

On voit quelques "îlots philosophiques" se dégager sur le graphe : un îlot internaliste et un autre externaliste au centre (nous avions parlé d'externalisme sémantique ici), un en faveur de la connaissance a priori et un autre en sa défaveur sur les côtés gauche et droit (nous avions parlé de rationalisme et d'empirisme ici), en bas un îlot réaliste moral, un îlot réaliste scientifique, et en haut un îlot qui regroupe anti-réalisme moral et scientifique (voir l'article sur le réalisme), enfin sur les coins opposés un îlot physicaliste et un autre anti-physicaliste (voir l'article sur la philosophie de l'esprit).

Si l'on tient compte des secondes et troisièmes corrélations, on peut penser que le réalisme en général a plus d'affinité avec les positions externaliste et rationaliste, cette dernière ayant pour sa part des affinités avec l'anti-physicalisme, et inversement pour les positions opposées. Se dessine en quelque sorte une région plutôt métaphysique et une autre plutôt sceptique. À mon sens ce graphe est intéressant parce qu'il permet de visualiser les grands clivages philosophiques, et ce qui fait que les débats se poursuivent encore aujourd'hui.

dimanche 7 octobre 2018

Empirisme et réalisme scientifique : résumé de thèse

Pour ceux d'entre vous qui :
  • s'intéressent à la question du réalisme scientifique (les théories scientifiques sont-elles vraies, ou seulement utiles ?), à l'empirisme (nos connaissances sont uniquement justifiées par l'observation/l'expérience) et à la tension entre les deux
  • veulent savoir à quoi peut ressembler une thèse en philosophie de sciences aujourd'hui

Julien Lecomte me fait l'honneur de publier sur son site PhiloMedia un résumé très abordable de ma thèse de doctorat, rédigé par mes soins (et édité par les siens). Une bonne partie du résumé introduit le débat entre réalisme et empirisme. En fin d'article, la question de l'utilité de la philosophie (et de ce type de thèse) est évoquée.

C'est par ici !

jeudi 30 août 2018

La philosophie de l'esprit

Point Zero Experiment.jpg

Prenons, d’un côté, une description scientifique du monde : on y trouve des particules, des molécules, des cellules vivantes, des processus physiques ou biologiques, dont on pense qu'ils peuvent expliquer la plupart des phénomènes observables dans la nature. On peut qualifier ce type de description de description « à la troisième personne », c’est-à-dire qu’elles ne dépendent pas d’un point de vue particulier sur le monde : admettons que c'est une description objective de ce qu'il y a dans le monde. Et prenons, de l’autre côté, notre expérience « à la première personne » : nos sensations visuelles, auditives, nos émotions, nos pensées et représentations, nos intentions et nos désirs. Ces choses là sont subjectives, relatives à un point de vue particulier sur le monde : le nôtre.

Est-il possible de réconcilier ces deux mondes, ou, plutôt, ces deux points de vue sur le monde, d’en rendre compte de manière unifiée ? Est-il possible d’expliquer la conscience et l’intentionnalité sur la base d’une description « à la troisième personne », comme d'un ensemble de particules, de neurones peut-être, ou bien ce type de description est-il nécessairement incomplet ? Comment ces deux types de descriptions sont-ils liés : quelle est la place de la conscience dans la nature ?

C’est là le type de question que se pose la philosophie de l’esprit. Il serait possible d’y consacrer un blog entier (je conseille d’ailleurs à ce sujet l'excellent blog de François Loth) mais je vais en proposer dans cet article une brève introduction qui permettra de saisir l’état du débat contemporain. Commençons par présenter les problèmes que pose la conscience, avant d'en détailler quelques solutions possibles.

mardi 19 septembre 2017

La philosophie du langage

Pieter Bruegel the Elder - The Tower of Babel (Vienna) - Google Art Project - edited
Comme de coutume, je profite de la fin de l’été pour rédiger des articles qui touchent à des problématiques philosophiques plus générales, ou différentes, de la philosophie des sciences. Ainsi nous avions parlé les dernières années de la connaissance, de la vérité, de l’identité… Aujourd’hui, je vous propose de parler du langage.

La philosophie du langage est particulièrement importante pour plusieurs raisons. D’abord, parce que beaucoup de querelles philosophiques peuvent paraître purement verbales : OK, nous débattons depuis des heures, mais savons nous seulement de quoi nous parlons ? Est-ce que nous ne mettons pas simplement des choses différentes derrière les mêmes mots ? Il faudrait, avant de débattre, s’assurer que nous attribuons la même signification aux mêmes termes : commencer par « définir » nos termes. Mais quelle est la signification de « signification » ?

C’est là toute la question de la philosophie du langage, et on verra que cette idée, qu'on puisse ainsi définir nos termes de manière purement conventionnelle, assis dans un fauteuil, voire qu'une phrase ait une signification en dehors d'un contexte, ne va pas de soi.

Ceci dit, il semble bien y avoir une caractéristique importante de tout questionnement sur le langage, et qui constitue la seconde raison pour laquelle la philosophie du langage est centrale : la question de la signification, c’est, en fait, la question générale du rapport de nos représentations au monde. Car quand on juge qu’une querelle est purement verbale, qu’un désaccord est superficiel parce qu’il porte uniquement sur des différences de signification, ce qu’on veut dire par là, c’est qu’on n’est pas forcément en désaccord sur le monde.

lundi 17 octobre 2016

Bruxelles 22 octobre 2017

Je serai à Bruxelles ce samedi 22 octobre (au bar "La fleur en papier doré") pour parler des rapports entre philosophie et science. Ci-dessous le texte de ma présentation.