Prenons, d’un côté, une description scientifique du monde : on y trouve des particules, des molécules, des cellules vivantes, des processus physiques ou biologiques, dont on pense qu'ils peuvent expliquer la plupart des phénomènes observables dans la nature. On peut qualifier ce type de description de description « à la troisième personne », c’est-à-dire qu’elles ne dépendent pas d’un point de vue particulier sur le monde : admettons que c'est une description objective de ce qu'il y a dans le monde. Et prenons, de l’autre côté, notre expérience « à la première personne » : nos sensations visuelles, auditives, nos émotions, nos pensées et représentations, nos intentions et nos désirs. Ces choses là sont subjectives, relatives à un point de vue particulier sur le monde : le nôtre.
Est-il possible de réconcilier ces deux mondes, ou, plutôt, ces deux points de vue sur le monde, d’en rendre compte de manière unifiée ? Est-il possible d’expliquer la conscience et l’intentionnalité sur la base d’une description « à la troisième personne », comme d'un ensemble de particules, de neurones peut-être, ou bien ce type de description est-il nécessairement incomplet ? Comment ces deux types de descriptions sont-ils liés : quelle est la place de la conscience dans la nature ?
C’est là le type de question que se pose la philosophie de l’esprit. Il serait possible d’y consacrer un blog entier (je conseille d’ailleurs à ce sujet l'excellent blog de François Loth) mais je vais en proposer dans cet article une brève introduction qui permettra de saisir l’état du débat contemporain. Commençons par présenter les problèmes que pose la conscience, avant d'en détailler quelques solutions possibles.