Nous avons abordé dans le dernier billet le projet de l'empirisme logique, qu'on peut qualifier de un projet scientiste. L'idée est que toutes nos affirmations, que ce soient des jugements moraux, esthétiques, ou bien des affirmations métaphysiques, doivent pouvoir se ramener d'une manière ou d'une autre à des affirmations scientifiquement vérifiables, associées à des observations directes -- dans le cas contraire, ce sont des affirmations dénuées de sens. Les seuls affirmations qui échappent à cette réduction sont purement syntaxiques : ce sont les affirmations de la logique et des mathématiques, mais ces affirmation ne parlent pas vraiment du monde, elles ne concernent que la forme de notre langage.
Nous avons vu un premier type de raisons de penser que ce projet ne peut pas aboutir, qui est qu'il ne peut exister de base solide, purement observable, pour réduire l'ensemble du langage. Une distinction stricte entre langage d'observation et langage théorique est douteuse, et l'idée que toute connaissance se ramène à des données sensibles est un mythe.
Mais il existe un deuxième type de difficultés pour les thèses de l'empirisme logique, liées à la vérification. C'est ce que nous allons voir aujourd'hui.