On peut concevoir l'objectivité des sciences en terme de neutralité vis-à-vis de valeurs "contextuelles". Les intérêts politiques, privés, les valeurs morales ou culturelles, tout ceci ne devrait pas interférer avec son bon fonctionnement. C'est en tout cas ce que pensent les défenseurs de la rationalité scientifique.
Nous avons vu dans le dernier billet les principales motivations pour mettre en doute cette façon de voir les choses. Les théories scientifiques ne sont jamais testées et sélectionnés que dans un cadre, un paradigme. Bien sûr, les observations et les succès expérimentaux entrent en compte au moment de choisir la bonne théorie ou la bonne hypothèse pour expliquer des phénomènes, mais ces éléments ne sont pas suffisants. La question centrale est donc de savoir quels autres critères entrent en jeu. Est-ce que l'évaluation d'une hypothèse est purement rationnelle, suivant des critères objectifs comme la simplicité des explications qu'elle nous offre, ou est-ce qu'elle est affectée par le contexte social ou par des intérêts particuliers ? Et si c'est le cas, est-ce un problème à éviter tant que faire se peut, ou est-ce un aspect inévitable et pas forcément si problématique de la science ?
Nous allons voir dans cette article les différentes manières de répondre à ces questions qui ont été proposées en philosophie des sciences.