lundi 9 septembre 2019

Ethique et méta-éthique

Gian Battista Zelotti - Time, the Virtues, and Envy Freed by Evil - WGA25963

Il est un aspect des sciences que je n’ai pas encore abordé sur ce blog, à savoir l’éthique des sciences. J’espère y remédier prochainement, mais aujourd’hui, je souhaite m’intéresser (comme de coutume à cette époque de l’année) à une question qui est issue d'un autre domaine de la philosophie. Je vais donc parler de méta-éthique.

Derrière ce terme pompeux se cache la partie de la philosophie qui s’intéresse à la question du bien et du mal, de manière abstraite : elle ne cherche pas à savoir ce qui est bien ou mal dans un cas particulier, pas même en général, mais plutôt : comment comprendre ou interpréter les discours moraux, les discours sur les valeurs ? Que veut-on dire quand on dit que quelque chose est « bien », ou qu’il « faut » que ce soit ainsi ?

Vous pouvez répondre au sondage en fin d'article après l'avoir lu !

vendredi 15 mars 2019

Une carte des corrélations entre positions philosophiques

Bourget et Chalmers ont réalisé il y a plusieurs années un sondage auprès de philosophes pour connaître leur position sur un ensemble de questions philosophiques, suivi d'un article analysant les résultats. Ce sondage permet non seulement de savoir quelles sont les positions dominantes en philosophie contemporaine, mais aussi de quelles manière elles sont corrélées, au sens où les philosophes qui acceptent l'une sont plus susceptibles d'accepter également l'autre.

J'ai réalisé à l'aide du logiciel Inkscape une infographie qui représente ces corrélations (ma carte a été relayée récemment par Daily Nous). La méthode que j'ai utilisé est la suivante : une ligne pleine entre deux positions indique que l'une d'elle est la plus corrélée à l'autre. Les secondes et troisièmes plus corrélées sont représentées par des lignes en pointillé. J'ai utilisé cette méthode (plutôt que de représenter les plus fortes corrélations toutes positions confondues) afin de m'assurer que toutes les positions soient présentes et reliées sur le graphe. La force des corrélations est représentée par l'épaisseur des lignes et le taux d'adhésion par la couleur des boîtes. Voici la carte (cliquer pour agrandir) :

On voit quelques "îlots philosophiques" se dégager sur le graphe : un îlot internaliste et un autre externaliste au centre (nous avions parlé d'externalisme sémantique ici), un en faveur de la connaissance a priori et un autre en sa défaveur sur les côtés gauche et droit (nous avions parlé de rationalisme et d'empirisme ici), en bas un îlot réaliste moral, un îlot réaliste scientifique, et en haut un îlot qui regroupe anti-réalisme moral et scientifique (voir l'article sur le réalisme), enfin sur les coins opposés un îlot physicaliste et un autre anti-physicaliste (voir l'article sur la philosophie de l'esprit).

Si l'on tient compte des secondes et troisièmes corrélations, on peut penser que le réalisme en général a plus d'affinité avec les positions externaliste et rationaliste, cette dernière ayant pour sa part des affinités avec l'anti-physicalisme, et inversement pour les positions opposées. Se dessine en quelque sorte une région plutôt métaphysique et une autre plutôt sceptique. À mon sens ce graphe est intéressant parce qu'il permet de visualiser les grands clivages philosophiques, et ce qui fait que les débats se poursuivent encore aujourd'hui.